In the hope of regulating migratory flows, the European Council endorsed a “global approach” to migration in December 2005, an approach which is based on the correction of the “deep causes of migration”: poverty, unemployment and development gaps between North and South. Besides liberalising economies and trade systems, a set of measures are advocated in order to enhance home countries’ development by using “migration [as a] medicine against migration”: stimulating the remittance of funds back to the country of origin; expanding the role of diasporas settled in member states; reinforcing circular migration schemes and facilitating return movements; and improving the management of the emigration of the highly-skilled in order to curb “brain drain”. The paper focuses on the Arab South and East Mediterranean (SEM) countries. It challenges the views, implicit in EU migration policies, that migration is entirely rooted in economics and that migrants’ agency alone is able to spur development in the origin country. Using the theoretical background of political economy with a neo-institutional approach to migration, it explores the stakes, the outreaches and the outcomes of the migration and development nexus. By so doing, it re-politicizes migration and development and emphasises the structural and contextual dimension of factors pushing on migration and hampering development: unemployment and high professional turn over; economic liberalisation and deregulation policies, and socio-political “blockages” (gender inequalities, patronage, clientelism and corruption, lack of public expression). Moreover, the analysis of SEM country practices in the field of migration management and engineering migration for development shows how the design of policies and the channelling of flows respond to political and demographic stakes in the various national contexts. Migration patterns act as a political shield for regimes in the region that: allows these regimes to monitor political opposition; renews socio-cultural elites; and decreases the economic opportunities in national economies, due to corruption and patronage. Current policies also reconstruct state-society/expatriates relations, through (controlled) economic participation and socio-cultural solidarity. They do not, however, lead to political participation. The paper thus concludes that amendments to macro-political contexts in the SEM countries are more likely than liberalisation policies to curb emigration flows, by engineering global social and political development. As a matter of fact, the onset and patterns of the Arab revolutions since December 2010 aptly confirm the need for political reform in the region.
Adoptée par le Conseil européen en décembre 2005, l’Approche globale des migrations est axée sur la correction des « causes profondes de la migration » (la pauvreté, le chômage, les écarts de développement entre nord et sud) afin d’en réguler les flux. Parmi les mesures préconisées figurent la facilitation de l’envoi de fonds vers les pays d’origine (transparence des coûts, développement de l’accès aux services financiers), l’encouragement du rôle des diasporas implantées dans les États membres (aider les pays en développement à identifier leur diaspora et à établir des liens), le renforcement de la migration circulaire et la facilitation du retour, une meilleure gestion des migrations de personnes hautement qualifiées afin de limiter la « fuite des cerveaux ». Cette étude traite des pays arabes du sud et de l’est de la Méditerranée (SEM). Elle met en question les représentations, contenues dans les politiques migratoires de l’UE, de la migration comme facteur purement économique, mais aussi des migrants comme agents d’un développement à grande échelle dans leurs pays d’origine. Le cadre théorique de l’économie politique et les approches néo-institutionnelles des migrations, utilisés ici, permettent de dégager les enjeux et la portée du lien entre migration et développement sur le terrain arabe. L’étude ‘re-politise’ ces deux processus. Elle met en relief la dimension structurelle des facteurs déclenchant l’émigration et entravant les processus de développement : les caractéristiques du marché du travail, les politiques de libéralisation des économies et les « blocages » sociopolitiques (inégalités hommes-femmes, clientélisme et corruption, obstacles à l’expression publique). En outre, l’analyse des politiques migratoires menées dans les pays du SEM montre que ces mesures répondent aux enjeux politiques et démographiques particuliers aux divers contextes nationaux de la région. Elles permettent aux régimes en place de contrôler l’opposition politique, le renouvellement des élites socioculturelles et les conséquences de la contraction des opportunités économiques, due à la corruption et au clientélisme. Les politiques migratoires participent également d’une restructuration des relations États-sociétés-expatriés autour d’une participation économique (étroitement contrôlée) et d’une solidarité socioculturelle, mais excluant toute participation politique. L’étude conclut donc que des réformes des contextes sociaux et politiques dans les pays du SEM seraient plus à même d’agir sur les flux migratoires que les réformes néolibérales. Le déclenchement des révoltes arabes en décembre 2010 confirme d’ailleurs l’urgence de ces réformes politiques.