Comment mobiliser les populations ? La réponse symbolique des exécutifs français, italien et britannique

Abstract

Alors que « nous sommes en guerre » en France (Macron, 16 mars) et que le Royaume-Uni fait face à « la plus grande menace depuis des décennies » (Johnson, 23 mars), l’Italie traverse sa « crise la plus difficile depuis la seconde guerre mondiale » (Conte, 21 mars). Si tous les leaders politiques soulignent la gravité de la pandémie de coronavirus et le défi qu’elle représente, les mots qu’ils utilisent pour la qualifier et y répondre varient. Cette variation est cruciale à analyser si l’on souhaite comprendre la gestion de la crise par les différents exécutifs européens. Les crises sont vécues et interprétées par une diversité d’acteurs dont les réactions influencent l’issue. Il est donc important de prendre en compte la dimension interprétative et affective des événements et les acteurs au pouvoir ne peuvent l’ignorer. Ils l’intègrent dans leurs réponses en développant des discours, en mettant en scène leurs actions afin de communiquer des messages à la population et de légitimer les politiques adoptées. C’est ce volet de la gestion de la crise sanitaire qui nous intéresse. En 2020, face à la Covid-19, la plupart des pays européens ont adopté des mesures de confinement et de restriction des libertés. Le défi était alors d’obtenir le consentement du public, et le respect de ces nouvelles règles. Si celles-ci ont parfois été accompagnées de l’usage de la contrainte – avec contrôles de police et amendes –, cette dernière est à elle seule insuffisante pour obtenir le respect de ces limitations…