Priorités migratoires d'hier et vrais enjeux d'aujourd'hui

Abstract

Lorsque l’on évoque la coopération bilatérale en matière de gouvernance migratoire, entre la Tunisie et la France, il est presque immédiat de penser à l’accord cadre relatif à la gestion concertée des migrations et au développement solidaire, signé en avril 2008. L’accord s’articule autour de « l'organisation de la migration légale fondée sur la mobilité […], la lutte contre l'immigration irrégulière [par la coopération renforcée en matière d’éloignement ou de réadmission des migrants tunisiens en situation irrégulière] et l'établissement d'une coopération visant à favoriser la mise en place d'un modèle de développement au bénéfice du pays d'origine ». Ce triple volet résume les intentions formulées dans ce type d’accord. A quoi répond ce triple volet alliant le contrôle des flux migratoires, réguliers et irréguliers, à l’aide au développement ? Pour y répondre, il est important de souligner que l’on ne peut isoler la coopération bilatérale en matière de gouvernance migratoire d’un cadre plus large d’interactions entre les Etats, où s’entremêlent des intérêts stratégiques, voire plus vitaux, que la lutte contre l’immigration irrégulière. En d’autres termes, il faut non seulement aller au-delà du fait migratoire, mais aussi analyser les facteurs qui ont contribué à ce que la France développe ce type d’accords cadres avec certains pays du continent africain, dont la Tunisie, et comprendre, ensuite, les raisons pour lesquelles, et en fonction de quels intérêts stratégiques (escomptés et réels), la Tunisie a ratifié cet accord en 2009.