Elites, leadership et pouvoir dans les communautés éthniques d'origine immigrée : le cas des Italiens en Belgique francophone

Abstract

Depuis plus d'une dizaine d‘années, les migrations internationales et le racisme qu'on leur associe occupent périodiquement le devant de la scène médiatique de la plupart des pays européens. Quelques exemples récents suffiront pour accréditer cette constatation. En France, on se souviendra du tollé général soulevé il y a environ un an par la fameuse 'affaire du voile' qui mettait en vedette trois adolescentes d'origine maghrébine 'coupables' de se rendre à l'école laïque affublées d'un couvre-chef islamique. Pendant plusieurs semaines, ces événements déchirèrent tant les médias de l'hexagone que sa classe politique. Quelques mois plus tard, en mars 1990, les médias eurent à rendre coopte d'une série de crimes racistes dont furent victimes des jeunes d'origine maghrébine, et qui venaient s'ajouter à la déjà longue séquence des violences à caractère raciste en France. A l'heure où nous écrivons ces lignes, la presse française répercute les débats envenimés au sujet du projet de loi de répression du racisme proposée par le parti communiste, qui prévoit notamment le retrait du droit d'éligibilité pour une période de cinq ans pour les fonctionnaires publics coupables d'actes discriminatoires dans l'exercice de leurs fonctions. En Belgique, les médias ont récemment eu plusieurs occasions de s'intéresser à des questions liées à l'immigration. En juin 1989, les autorités de droite de la commune bruxelloise de Schaerbeek, qui compte un forte concentration de populations d'origine immigrée, décide d'interdire toute enseigne publique rédigée en langue arabe. La presse suivit largement le débat qui s'engagea autour de cette initiative. Elle fut finalement annulée par les autorités régionales bruxelloises. Par ailleurs, l'intense activité du Commissariat Royal & la Politique des Immigrés créé juste après le succès du Vlaams Blok, le parti nationaliste flamand, aux élections communales de 1968 a été à plusieurs reprises exposée par les médias du pays. En Italie, pays qui était Jusqu'il y a peu avant tout un pays d'émigration, l'immigration et le racisme ont donné lieu ces derniers mois À un véritable phénomène médiatique. Plusieurs centaines d'articles ont paru dans les journaux, de nombreuses émissions de télévision et de radio ont été consacrées à ces phénomènes. Tout s'est déclenché après l'assassinat en août 1989 d'un jeune réfugié sud-africain dans la région de laples autour duquel s'est catalysé le mouvement anti-raciste de la péninsule. Lorsque durant la dernière nuit du carnaval 1990, une bande de Jeunes florentins déguisés à la "orange mécanique" organisèrent une "chasse aux nègres" dans les rues de la ville, la tension, qui était déjà importante, atteignit son sommet. Depuis cette date, 1'immigration et le racisme ne sortent plus des colonnes des quotidiens dans la mesure notamment où ces thèmes ont occupé une place de choix dans les débats pour les élections administratives de mal, qui ont vu l'affirmation des mouvements régionalistes du Hord de l'Italie dont le racisme est un des chevaux de bataille.