La puissance de joie en médiation, ou la composition des rapports

Abstract

Quand Jean-Pierre Bonafé-Schmitt m’a suggéré de rédiger un billet d’humeur, il a touché au coeur de notre sujet. En effet, la médiation donne à voir les humeurs des parties et a tout à faire pour une expansion exponentielle de la bonne humeur. Elle travaille sur les mauvaises humeurs ancrées ou passagères des parties, d’abord impuissantes à composer entre elles, accompagnant des états de dégradation avancée de leurs rapports. Elle ne vise rien moins que de produire autant que possible un renversement d’humeur, une recomposition de rapports qui active la puissance de joie. Mon objet sera de rendre compte de ce passage de la « décomposition des rapports – mauvaises humeurs – puissance amoindrie » vers la « recomposition des rapports – bonne humeur – puissance renforcée ». Je montrerai, en première partie, l’acceptation, au départ ou en cours de route, d’humeurs asymétriques entre médiateur joyeux et parties tristes, et en seconde partie, l’installation, au coeur du dispositif mis en place, d’une joie communicative qui gagne les participants. À titre d’illustration, je puiserai dans mon expérience en Afrique des Grands Lacs171 et au Proche-Orient.